A Savage - Thawing Dawn
À une époque où les nombreuses rock stars du siècle dernier peinent à trouver des successeurs à la hauteur de leurs influences, certains petits génies tentent tout de même de secourir une génération sans véritables héros. C'est par exemple le cas de Andrew Savage, leader punk et végan (vous avez bien lu) des géniaux Parquet Courts. Comme s'il n'était déjà pas hyper-actif (cinq albums avec le groupe de Brooklyn, dont certains sous le pseudonyme de Parkay Quarts, un album live au Third Man Records de Jack White, et de multiples projets annexes, dont un prochainement aux côtés du génial Daniele Luppi), le natif du Texas dévoile cet automne son premier album solo : Thawing Dawn. Résultat ? On tient peut être notre héros.
Thawing Dawn est l'un de ces albums qui se découvre et s'apprécie au fur et à mesure des écoutes. Si l'on y voit d'abord une sorte de suite spirituelle au remarquable Humain Performance (on aurait aisément pu retrouver le très efficace "Eyeballs" sur le denier opus des Parquet Courts), on y découvre par la suite un album plus intime et personnel. Emancipé de sa bande new-yorkaise, Andrew se livre en grande partie à une écriture sensible et sincère sur fond de country folk intemporelle.
Mais ce premier essai solo n'est pas seulement un beau recueil de ballades qu'aurait écrit Mr. Savage entre deux tournées, il possède en effet une vraie direction, une âme. Cette âme qui se dessine doucement sur le glaçant "Wild, Wild, Wild Horses", suivie du poétique "Indian Style", qui illustre brillamment tout le génie mélodique du frontman américain. Arrive ensuite l'un des rares titres faisant directement référence au post-punk noisy qui collait déjà tant à l'ADN des Parquet Courts : "What Do I Do". Rythmée par de frappantes percussions, la tornade de presque huit minutes était inévitable... elle deviendra quasi-addictive au fil des écoutes. Et que dire de l'enchainement de "Ladies from Houston", mené par une ligne de basse diablement séduisante, avec le religieux et frissonnant "Untitled". Certainement l'une des plus belles combinaisons de l'année.
L'éponyme "Thawing Dawn", véritable modèle de composition, ne pouvait lui pas mieux tomber en guise de conclusion. Le morceau se construit comme un assemblage de plusieurs démos, à la manière d'un "A Day In The Life" (immensément moins prodigieux, soyons réaliste), où piano et synthé 70's s'immiscent entre les strates de folk mélancolique et de rock strident. Un titre multifacette remémorant chaque précieux instants qui marquent la première grande réussite solo d'A Savage.