Baxter Dury - Prince of Tears
Il y a quelques mois, Baxter Dury était de nouveau dans la tourmente sentimentale. Une histoire d'amour qui finit mal, un coeur déchiré, un océan de larmes... bref, un Baxter pas très en forme. Enfin, ça, c'est ce que n'importe qui aurait pu penser. La déprime ? Le dandy en fait des tubes. En utilisant sa tristesse comme tremplin, l'enfant du "Sex & Drugs & Rock & Roll" dévoile en cette fin d'octobre son cinquième LP, intitulé Prince of Tears. Un titre auto-dérisoire qui laisse place à un album à l'énergie punk, enveloppée d'un rock orchestral terriblement sexy. Welcome back "Cocaine Man" !
En dévoilant dans un premier temps le superbe "Miami" (que son pote Jarvis Cocker a remarquablement bien remixé quelques semaines plus tard), Baxter Dury n'a surpris personne. Synthés sensuels, basse omniprésente, voix chaude et nonchalante, choeurs féminins imparables : tous les ingrédients attachés au style unique du londonien étaient là. En revanche, le titre a fait bien plus que surprendre ou rassurer : il a montré que le chanteur était désormais installé sur le trône des figures musicales de notre époque. L'annonce du retour du lover-boy s'est en effet vécu comme un véritable événement culturel et médiatique. Un retour sous pression ? Baxter Dury s'en moque, il n'est pas là pour plaire aux médias. Il préfère rester fidèle à son univers, moitié autobiographique, moitié fantasmagorique, qui rappelle avec nostalgie la période « Melody Nelson » de Gainsbourg.
Si le crooner fusionnait son rock mélancolique à des synthétiseurs rêveurs sur It's a Pleasure, il préfère désormais lui donner une dimension plus orchestrale sur Prince of Tears. On entend ainsi avec admiration des violons accompagner le parlé-chanté de Baxter et les voix langoureuses de Madelaine Hart et Rose Elinor Dougall ("Miami", "Wanna", "Prince of Tears").
Mais la force de ce disque se retrouve également dans son éclectisme et son coeur rebelle. En invitant Jason Williamson, le leader complètement déjanté des Sleaford Mods, Baxter Dury donne un ton foncièrement plus punk à son album (son précédent featuring avec les membres de Slaves n'était donc qu'un teaser !). L'enchainement "Almond Milk" / "Letter Bomb" semble ainsi intervenir de façon totalement désinvolte, comme pour faire écho à la fougue légendaire et la personnalité anti-système de son père disparu (Ian Dury).
Même si l'on aura un peu plus de mal à apprécier l'indie rock assez lassant de "Listen", on se laissera vite rassuré par les excellents "Mungo" et "August", trésors synthpop de ce nouvel opus. L'album se termine malheureusement bien vite, mais l'on y retourne de suite, afin de replonger dans l'univers mélancolique, mais pourtant si réconfortant, du grand prince des larmes.