The War On Drugs au Bataclan (06/11/2017)
C'est dans un Bataclan conquis et déjà complet quelques mois avant la date tant attendue, que les membres de The War On drugs ont prolongé sur scène tout la splendeur de leur dernier opus. Un show coloré et aérien de plus de deux heures, qui en fait l'un des concerts les plus marquants de ce début d'automne.
Le dernier album des américains (A Deeper Understanding), au succès quasi-unanime, aussi bien critique que public, garde-t-il la même profondeur si particulière sur scène ? Voilà le sentiment que nous avons en tête avant de rejoindre une foule déjà bouillonnante, quelques dizaines de minutes avant le début du live. Un sentiment qui va très rapidement s'estomper, après l'arrivée enthousiaste du leader et compositeur de génie Adam Granduciel. Vêtu d'un t-shirt à l'effigie des légendaires Sonic Youth, surplombé d'une chemise à carreaux et caché derrière ses longs cheveux bouclés : on croirait presque voir arriver son ami et ex-membre du groupe Kurt Vile. C'est aux premiers échos de sa voix Dylanienne, que l'on est certain qu'il s'agit bel et bien du brillant guitariste du Massachusetts.
Nombreux sont les anglais à avoir fait le déplacement pour assister à la prestation d'un groupe rare sur scène en Europe. On les entend donc chanter en choeur les paroles du puissant "In Chains", qui début le long voyage mélodique et onirique proposé par The War On Drugs. Huit des dix titres qui composent A Deeper Understanding sont joués avec une passion remarquable et dévorante de la part des six musiciens. Sublimés par un fantastique jeu de lumières et un son parfait, les solos du leader prennent une dimension transcendante sur scène. Le somptueux "Thinking Of A Place", envolée folk rock de presque 15 minutes, en est l'exemple parfait. Le titre aux rythmiques intenses est à l'image générale du concert : grandiose.
Si le show aurait largement pu ce conclure sur ce véritable trésor scénique, les Philadelphiens nous gâtent également des plus beaux morceaux de Lost in the Dream, leur avant dernier album. Les imparables "Under the Pressure" et "Eyes to the Wind" donnent un second souffle à la prestation des américains, qui aurait pu avoir tendance à trop s'éterniser dans les sonorités du leur dernier album. Il n'en est donc rien, et l'on continue à se laisser bercer par un son unique aux multiples textures, naviguant entre une ligne de basse omniprésente, des synthés 70's et des guitares cristallines ("Burning"). Si la connexion avec le public est maximale, le trip prend fin sur le vaporeux "You Don't Have to Go". Une étincelante conclusion qui prouve qu'Adam Granduciel et sa bande ne sont pas venus pour faire de la figuration, mais bel et bien pour proposer une véritable démonstration scénique, celle d'un groupe qui a su réinterpréter la folk de la plus belle des manières.
Setlist : "In Chains", "Holding On", "Pain", "An Ocean in Between the Waves", "Strangest Thing", "Nothing to Find", "Knocked Down", "Buenos Aires Beach", "Red Eyes", "Thinking Of A Place", "Under the Pressure", "In Reverse", "Eyes to the Wind", "Burning", "You Don't Have to Go".