Courtney Barnett & Kurt Vile - Lotta Sea Lice
Même dans nos rêves les plus fous, voir Courtney Barnett et Kurt Vile écrire et jouer un jour un album ensemble n'était que peu envisageable. Un peu comme si les frères Gallagher annonçaient un nouveau projet commun, si Ty Segall et John Dwyer décidaient enfin de s'associer sur un LP, ou si Lou Reed et Metallica avaient eux aussi choisi de... oubliez ce que je viens de dire. Quoi qu'il en soit, les deux songwriters ont bel et bien dévoilé, le 30 août dernier, le sublime "Over Everything", titre folk rock intense qui laissait déjà présager que ce Lotta Sea Lice serait le fruit d'une collaboration parfaite. Pressentiments confirmés.
À eux deux, Barnett et Vile possèdent un CV quasi parfait. D'un coté, Courtney, gauchère, auteur-compositeur australienne à la tête de son label Milk! Records, acclamée par les critiques pour son album intimiste (au nom beaucoup trop long) Sometimes I Sit And Think, And Sometimes I Just Sit. De l'autre, Kurt, droitier, auteur américain, ex War On Drugs et compositeur de pas moins de six albums solo. Deal with it. Et si individuellement, tout roule, la magie opère également en duo.
Les neuf titres qui composent Lotta Sea Lice transpirent d'une communion presque fraternelle, jonglant entre la voix fragile Kurt et nonchalante de Barnett ("Let It Go"). Un album miroir où les jeux de guitares des deux timides se complètent et se répondent si naturellement, comme quand deux grands musiciens jamment ensemble pour la première fois ("Blue Cheese"). Mutuellement fans de leurs arts respectifs, les deux nouveaux amis s'adonnent aussi à reprendre chacun un titre de l'autre : l'imparable "Outta The Woodwork" de Courtney (présent sur son premier double EP A Sea Of Split Peas), et la méconnue mais sublime ballade folk "Peeping Tom" de Kurt. Une alliance qui nous rendrait même presque jaloux sur le doux "Continental Breakfast", tant la sincérité que dégage le duo est palpable.
Si l'on peut parfois reprocher (avec mauvaise foi ?) que certains titres se rapprochent plus du style de l'australienne, cela permet aussi de nous rappeler à quel point cette dernière sait somptueusement bien écrire. L'excellent "On Script" en est le parfait exemple, sombre et mélancolique, qui rappelle évidement "Small Poppies" (extrait de son album solo).
L'émouvant "Untogether" conclut tout en douceur les 45 minutes folk blues offertes par la plus belle surprise de 2017, cette touchante collaboration que l'on ne veut plus quitter, et que l'on espère croiser sur une future tournée européenne. Barnett et Vile, sont des mots qui vont très bien ensemble, très bien ensemble...
